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11 mai 2011

Ségolène Royal sur france info le 11.5.11

Ségolène Royal, invitée de France Info par FranceInfo

 

"Le capital doit être autant taxé que le travail"

Cadeau aux riches pour les uns, mesure juste et nécessaire pour les autres... La réforme de l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune, arrive aujourd’hui en Conseil des ministres.
Nicolas Sarkozy a tranché : il s’est résigné à supprimer le bouclier fiscal, impopulaire. Mais en parallèle, il va accorder un autre avantage aux ménages aisés en allégeant l’impôt sur la fortune, le supprimant même pour plus de la moitié des contribuables qui y étaient assujettis jusqu’ici. " C’est une mesure très injuste ", estime Ségolène Royal, qui résume la situation ainsi : "les plus grandes fortunes vont encore payer moins d’impôts".
"A un moment où il y a un débat dans le pays sur l’assistanat des plus pauvres", la présidente de la région Poitou-Charentes répond que "le véritable cancer" du pays, ce sont "les inégalités sociales".
Selon Mme Royal, "il faut que les revenus du capital, c’est à dire la rente, soit autant taxés que le travail". "Il faut que les Français aient la garantie que les efforts sont équitablement répartis", insiste-t-elle.

 

Christine lagarde "sans doute victime des ordres de Nicolas Sarkozy"

Ségolène Royal réagit également aux soupçons d’abus d’autorité qui pèsent sur la ministre de l’Economie après l’arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie sur la vente litigieuse d’Adidas par le Crédit Lyonnais, en 1993. La Cour de justice de la République devra décider si la ministre peut être inquiétée pour avoir choisi un tribunal arbitral, et donc privé, au lieu d’un tribunal traditionnel.
Pour l’élue socialiste, il s’agit bien d’un "arrangement". Mais de dédouaner en partie Christine Lagarde en affirmant qu’elle est "sans doute victime des ordres de Nicolas Sarkozy". Ségolène Royal qui trouve surtout choquant que "le pauvre" Bernard Tapie ait touché un chèque de 45 millions d’euros au seul titre du "préjudice moral". Une affaire qui selon elle pointe une fois de plus les "inégalités sociales, les inégalités de traitement [...] les connivences". "On doit mettre fin à cette crise morale profonde", estime-t-elle.

 

Non à l’assistanat, oui à "une société du donnant-donnant"

Quant à la polémique née des déclarations du ministre aux Affaires européennes Laurent Wauquiez sur le RSA, la présidente de la région Poitou-Charentes trouve particulièrement détestable le fait "de dresser les pauvres contre les très pauvres". Le vrai problème aujourd’hui selon elle, ce ne sont pas les minimas sociaux, "ce sont les bas salaires". Ségolène Royal qui plaide pour "une société du donnant-donnant".

Interrogée enfin sur ses chances de l’emporter en 2012, "évidemment", la candidate à la primaire du PS y croit.

 

BALISAGE de la vidéo

Transcription de Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

Raphaëlle Duchemin : bonjour Ségolène royal.

Ségolène Royal : bonjour.

Raphaëlle Duchemin : merci d’être avec nous ce matin en direct sur France Info, on va bien sûr évoquer l’ISF puisqu’il est au menu aujourd’hui du conseil des ministres. C’est un symbole du sarkozysme qui va en même temps être enterré aujourd’hui puisque le bouclier fiscal vit, visiblement, ses toutes dernières heures, il fait les frais de son impopularité et va disparaître englouti dans cette réforme, hein, présentée aujourd’hui, mais ce ne sera effectif que l’année prochaine. Entre temps, on a décidé, au gouvernement de ne pas démanteler l’ISF, on l’allège simplement. Est-ce que c’est une mesure juste, Ségolène Royal ?

Ségolène Royal : vous l’avez vu, c’est une mesure très injuste puisque les chiffres publiés ce matin sur l’impact de cette réforme montrent que les plus grandes fortunes vont encore payer moins d’impôt. Pourquoi ? Parce que le bouclier fiscal est maintenu encore pendant un an, alors que l’ISF est allégé immédiatement.

Donc à un moment où il y a un débat dans le pays sur l’assistanat des plus pauvres, voilà quel est le véritable ‘cancer’, pour reprendre le mot qui a été utilisé récemment. Le cancer de notre société aujourd’hui, ce sont les inégalités sociales parce qu’une société inégalitaire est une société inefficace dans laquelle les Français perdent confiance dans l’avenir de leur pays.

Raphaëlle Duchemin : qu’est-ce qu’il aurait fallu faire, justement, pour que ça soit plus équitable, pour qu’il y ait davantage de justice fiscale, qu’est-ce que vous, vous auriez proposé, par exemple, concernant cet impôt sur la fortune ?

Ségolène Royal : eh bien j’aurais proposé d’abord globalement que le capital soit autant taxé que le travail, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en France. Il faut que les revenus du capital, c’est-à-dire la rente, soient autant prélevés que le travail. Donc il faut intégrer tous les revenus de la rente, tous les revenus du capital, dans un impôt progressif, ce qui permettra aux Français de savoir exactement qui paye, combien [on] paye, et surtout, ce qui permettra de sécuriser la société française, car le pays, vous savez, est très lourdement, dramatiquement endetté.

Et donc si l’on veut réussir des réformes importantes, il faut que les Français aient la garantie que les efforts sont équitablement répartis, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, bien au contraire, puisque tout le monde le sait, toutes les expertises publiées le prouvent, tous les observateurs étrangers observent la France avec stupéfaction, c’est le seul pays d’Europe où le gouvernement a creusé les inégalités en avantageant les riches et les grandes fortunes.

Raphaëlle Duchemin : pour compenser, Bercy a dit qu’il souhaitait taxer les grosses successions, celles qui dépassent, hein, précisément, les 4 milliards d’euros, plus lourdement, les résidences secondaires, les exilés fiscaux aussi. Ça va dans le bon sens, ça, pour le coup ?

Ségolène Royal : écoutez, pourquoi alors reprendre d’une main ce que l’on donne de l’autre ? Pourquoi alléger l’impôt sur la fortune ? Pourquoi ? Donc il y a d’un côté des effets d’annonce qui nous promettent un allègement…

Raphaëlle Duchemin, l’interrompant : donc il est bien comme il est, l’impôt sur la fortune, finalement, aujourd’hui ?


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Ségolène Royal : "C’est globalement la fiscalité qu’il faut remettre à plat pour appliquer un principe très simple que les Français attendent : que la rente et les revenus du capital soient au moins autant taxés que les revenus du travail"

Ségolène Royal : mais c’est globalement, je viens de vous le dire, c’est globalement la fiscalité qu’il faut remettre à plat pour appliquer un principe très simple que les Français attendent : que la rente et les revenus du capital soient au moins autant taxés que les revenus du travail.

Raphaëlle Duchemin : alors puisqu’on parle d’argent, Ségolène Royal, l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais-Adidas est désormais en quelque sorte devenue l’affaire Lagarde. La ministre est menacée d’une enquête pour abus d’autorité dans ce dossier. Elle dit ce matin qu’on essaie de la salir, elle dit aussi que tout ça c’est l’héritage des petits arrangements de l’époque Mitterrand ?

Ségolène Royal : c’est une ligne de défense pour le moins surprenante. Qui a fait cet arrangement pour Bernard Tapie ? Qui Bernard Tapie a-t-il soutenu lors de la précédente élection présidentielle ? [Raphaëlle Duchemin : « C’est un arrangement, c’est un arrangement pour vous ? Y’a pas de doute ? »]


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Ségolène Royal : "C’est le paiement sans doute d’un soutien pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. C’est un ordre de Nicolas Sarkozy, c’est vrai que Christine Lagarde est sans doute victime des ordres de Nicolas Sarkozy"

Excusez moi de le dire, mais je m’en souviens. (Rire) C’est un arrangement, c’est le paiement sans doute d’un soutien pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. C’est un ordre de Nicolas Sarkozy, c’est vrai que Christine Lagarde est sans doute victime des ordres de Nicolas Sarkozy, elle n’a pas décidé toute seule une procédure judiciaire adaptée, spécifique, sur mesure, pour Bernard Tapie.

Et ce qui est le plus choquant dans cette histoire, c’est que Bernard Tapie a reçu des indemnisations pour préjudice moral de plus de [Raphaëlle Duchemin : « 45 »] 45 millions d’euros le pauvre, le pauvre Bernard Tapie, 45 millions d’euros, mais les victimes de l’amiante, elles, ont reçu, tenez-vous bien, 15 000 euros ; les victimes du Mediator, celles qui sont mortes parce qu’il y a des gens malhonnêtes qui ont diffusé un médicament qui était un poison, elles, ne sont toujours pas indemnisées.


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Ségolène Royal : "Une fois de plus, on à faire à des inégalités sociales, à des inégalités de traitement, à des connivences de pouvoir et d’argent qui minent la confiance des Français dans leur pays, et tout cela nous devrons y remettre bon ordre, et mettre fin à cette crise morale profonde"

Vous avez vu aussi les familles désespérées et victimes de l’hormone de croissance qui n’ont rien eu du tout, donc c’est cela qui est très choquant, et une fois de plus, on à faire à des inégalités sociales, à des inégalités de traitement, à des connivences de pouvoir et d’argent qui minent la confiance des Français dans leur pays, et tout cela nous devrons y remettre bon ordre, et mettre fin à cette crise morale profonde.

Raphaëlle Duchemin : vous parlez des inégalités, on va évidemment évoquer ensemble le RSA puisque c’est l’un des sujets qui agite le débat en ce moment, débat politique notamment. Laurent Wauquiez était-il, d’après vous, en service commandé quand il a parlé de l’assistanat comme du cancer de la société, même si hier il a été recadré par François Fillon ?

Ségolène Royal : je le pense. Je crois que c’est un des conseillers de l’Elysée qui lui a soufflé cette idée-là. Mais de quoi s’agit-il ? Moi il ne me paraît pas choquant de construire, je l’ai même toujours défendue, une société du ‘donnant-donnant’. Je le fais d’ailleurs : les aides économiques que je donne aux entreprises de ma Région, en contrepartie, je leur demande par exemple de prendre des jeunes en alternance. Et ça me semble normal que toute personne…

Raphaëlle Duchemin : ça veut dire que les 5 heures demandées c’était peut-être une bonne idée, ou en tout cas une idée à creuser ?


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Ségolène Royal : "Que l’on demande à toute personne qui reçoit une aide de l’Etat, mais à toute personne, que ce soient les plus riches, les grandes entreprises, les banques"

Ségolène Royal : que l’on demande à toute personne qui reçoit une aide de l’Etat, mais à toute personne, que ce soient les plus riches, les grandes entreprises, les banques que l’Etat a renflouées avec l’argent du contribuable, en contrepartie de ces subventions on ne leur a rien demandé, alors qu’on aurait dû leur demander de faire un effort pour financer par exemple les petites et moyennes entreprises de notre pays. Je veux dire par là que moi je veux une société du donnant-donnant : on reçoit…

Raphaëlle Duchemin, l’interrompant : et ce sera un thème de campagne pour 2012 ?


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Ségolène Royal : "Ce qui est détestable dans la façon dont le débat est posé par Monsieur Wauquiez, [...] c’est de dresser les pauvres contre les très pauvres. C’est absurde, alors qu’en effet toute personne, par dignité, a besoin de s’intégrer dans une activité au service de la collectivité"

Ségolène Royal : c’était déjà un de mes thèmes de campagne de 2007 : non à l’assistanat, oui au donnant-donnant. Ce qui est détestable dans la façon dont le débat est posé par Monsieur Wauquiez, c’est de dire, finalement, à ceux qui souffrent, aux travailleurs pauvres, c’est la faute encore des plus pauvres, autrement dit c’est de dresser les pauvres contre les très pauvres. C’est absurde, alors qu’en effet toute personne, par dignité, a besoin de s’intégrer dans une activité au service de la collectivité.

Je vais vous donner un exemple pas plus tard que 2 jours. J’ai rencontré une mère de famille, une femme seule avec enfant, il y a beaucoup de femmes seules avec enfant au RSA. C’était dans le quartier du Clou Bouchet à Niort. Et cette femme me dit, d’ailleurs elle faisait du travail d’intérêt général auprès d’une association d’insertion, son enfant est à l’école, donc elle a besoin de s’insérer. Elle a trouvé un travail de caissière à 20 kilomètres de chez elle, 20 ou 30 kilomètres de chez elle, elle n’a pas de voiture, si elle en avait une, l’essence coûte horriblement cher, il faut qu’elle trouve une gardienne pour son enfant, donc finalement ça lui coûtait plus cher d’aller travailler que de rester au RSA.

Donc c’est quoi le vrai problème ? Le vrai problème, c’est que les bas salaires sont trop bas, car pour faire un différentiel entre les revenus de l’assistance et les revenus du travail, il y a 2 façons : soit on baisse les revenus de l’assistance, c’est-à-dire on rejette les gens encore plus dans la misère, soit on augmente les bas salaires. Le vrai problème en France…

Raphaëlle Duchemin : … c’est la revalorisation des salaires.


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Ségolène Royal : "Mais oui, c’est que le SMIC est beaucoup trop bas, et que les bas salaires sont beaucoup trop bas, et qu’effectivement quand quelqu’un qui travaille dur voit son voisin qui est au RSA avec 200 euros de moins seulement que son travail, il se dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas"

Ségolène Royal : mais oui, c’est que le SMIC est beaucoup trop bas, et que les bas salaires sont beaucoup trop bas, et qu’effectivement quand quelqu’un qui travaille dur voit son voisin qui est au RSA avec 200 euros de moins seulement que son travail, il se dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et ce qui ne va pas, on en revient à ce qu’on disait tout à l’heure, ce sont les revenus qui sont trop inéquitablement redistribués d’une part, et d’autre part c’est l’assistanat des riches, auxquels on ne demande rien.

Raphaëlle Duchemin : Ségolène Royal, vous vous posez je crois en héritière aujourd’hui du mitterrandisme, c’était il y a 30 ans, tout le monde finalement se réclame de cette filiation, comme si on avait besoin de chercher cet héritage absolument. Vous dites aussi qu’un an avant personne ne croyait à Mitterrand pour cette présidentielle, manière de dire que vous, vous y serez, alors que personne ne vous y voit ?

Ségolène Royal : peut-être. (Riant) Peut-être. La réalité est là, pourquoi ne pas la voir ? C’est vrai que les sondages, 1 an avant toute élection présidentielle, se sont trompés. Donc le matraquage sondagier aujourd’hui n’a pas de sens, et il faut surtout que les Français se disent que c’est à eux de décider. Personne ne privera les Français de leur vote, et notamment du débat de projets. Les Français vont choisir, non seulement une personnalité, une équipe, mais ils vont choi…

Raphaëlle Duchemin, lui coupant la parole : et ce sera vous ?

Ségolène Royal : eh bien écoutez on verra, ils n’ont pas encore voté ! Donc respectons-les, respectons ce vote, respectons le débat public et le débat d’idées.

Raphaëlle Duchemin : mais vous y croyez toujours, (Sourire radieux de Ségolène Royal) vous vous dites que c’est encore possible pour vous ?

Ségolène Royal : mais bien évidemment. D’abord je porte des idées très importantes, j’ai une vision de la société française, j’ai partout démontré que là où j’étais, j’avais la capacité d’action. Les Français ont besoin de quoi aujourd’hui ? D’un président de la République.. D’une présidente de la République qui tient parole, qui soit efficace, qui avance des solutions concrètes, qui soit honnête, et qui ait fait la preuve dans sa vie que chaque fois qu’elle a eu des responsabilités, elle a utilisé ce pouvoir-là pour agir, pour améliorer la vie des gens, et pour faire avancer le pays.

Raphaëlle Duchemin : merci Ségolène Royal d’avoir été en direct ce matin sur France Info, 8h26.


 

Par Militants de l'Espoir à gauche

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