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11 juin 2011

Dominique de Villepin: « Nous avons besoin d'un printemps français »

(Les Inrockuptibles, 09/06/2011)

 


L’ancien Premier Ministre Dominique de Villepin, candidat putatif à l’élection présidentielle, fait le tour de l’actualité et de ses ambitions pour la France.

Les Inrockuptibles: Dans quel état d’esprit sortez-vous du deuxième procès Clearstream?

Dominique de Villepin: On a un rendez-vous le 14 septembre. La cour d’appel donnera alors son avis. Il n’y a pas beaucoup plus à dire.

Vous êtes serein?

Sereintissime! Il n’y a pas d’éléments nouveaux dans le dossier et j’ai dit et redit, et je pense que les débats l’ont montré une nouvelle fois, qu’il s’agissait d’une affaire industrielle et non politique. J’ai regretté qu’elle ait été politisée, en première instance, compte tenu des déclarations du Président de la République.

Tout cela ne va-t-il pas de nouveau compliquer vos relations avec Nicolas Sarkozy, dont on pensait ces derniers mois qu’elles s’étaient apaisées?

J’ai revu Nicolas Sarkozy sur des enjeux internationaux de première ampleur: la situation dans le monde arabe, en Libye, les décisions à prendre pour la diplomatie française. Je suis un serviteur de l’Etat. Sur la base de l’intérêt national, les relations seront toujours naturelles et nécessaires. Sur la base du jeu politicien, je ne serai jamais un partenaire facile. C’est mon tempérament, je ne suis pas accommodant, je ne suis pas négociable, je ne transige pas, je ne « deale » pas.

Existe-t-il des possibilités d’alliance à droite et au centre pour constituer une alternative à Nicolas Sarkozy, sur le modèle de ce que propose Jean-Louis Borloo?

En tant que gaulliste, il n’est pas question pour moi d’alliances ou de combinaisons partisanes, d’autant moins qu’il n’y a aujourd’hui que des candidats virtuels sur la scène présidentielle. Et les Français ne sont toujours pas dans le temps de l’élection. En revanche, je suis tout à fait favorable à une démarche de rassemblement sur la base des idées, des énergies, permettant de renouveler en profondeur la politique de notre pays car il s’agira bien en 2012 d’offrir une alternative aux Français.

En 2012, vous comptez être candidat?

Je suis déterminé plus que jamais à peser et à compter lors de cette échéance. Sous quelle forme, à quel moment? Nous avons le temps de le voir? Nous savons d’ores et déjà que le calendrier de l’élection présidentielle sera tardif, d’autant plus tardif que nous sommes confrontés à un climat de décomposition de la vie politique.

Décomposition?

Nous sommes même dans un processus hémorragique. Tout ce que touche la politique devient scandale. L’affaire du Mediator, le débat sur l’identité nationale, et même des choses qui peuvent paraître marginales, comme la Coupe du monde de football, avec ces quelques gaillards qui dans un bus refusent de participer aux entraînements, l’affaire DSK, l’affaire Tron, tout devient polémique. Et puis tout est fait divers, émotion.

Que pensez-vous de l’affaire Strauss-Kahn?

C’est une affaire qui constitue un véritable choc, un traumatisme pour les Français. Mais c’est aussi un révélateur. Pendant des mois et des mois, sondages à l’appui, on nous a expliqué que le meilleur candidat pour 2012, c’était Dominique Strauss-Kahn. Et en une minute et demie, au milieu de la nuit, il a disparu! Voilà les Français orphelins d’un espoir qu’ils pouvaient légitimement imaginer. Mais qui vient nous parler, qui vient nous expliquer? Personne. On n’a pas entendu Nicolas Sarkozy.

Il a dit vouloir éviter la récupération politique…

On a besoin de la parole du Président, du Premier Ministre. A eux de veiller à ce que cette parole ne soit pas récupérable. Elle doit être une parole œcuménique, acceptable par tous. Quand Mitterrand est mort, Chirac s’est posé la question de savoir ce qu’il devait dire. C’était très facile de ne rien dire ou de faire un communiqué. Il a fait un discours. Il aurait pu le faire au nom du « peuple de droite ». En disant par exemple: « François Mitterrand, que j’ai combattu, est un homme qui a porté un certain nombre d’idées mais dont la part d’obscurité continue de nous hanter. » Jacques Chirac a décidé de faire un discours de Président de la République! Aujourd’hui, nous devrions avoir un Président qui redevienne le président de tous les Français. Et non pas quelqu’un qui se frotte les mains et jubile au coin du feu.

Avez-vous été choqué par l’affaire DSK ?

Ce qui m’a choqué, c’est que derrière l’état de sidération des Français, il y a une faute politique. Cette idée que vous puissiez suspendre la vie politique à un candidat virtuel, c’est une faute. Pourquoi la vie politique doit-elle être entachée par une affaire de droit commun ? Parce que, quand la vie politique est gouvernée par les sondages, dans une bulle, n’importe quoi l’affecte. Une vie politique réelle avec de vrais combats, des idéaux, n’est pas aussi fragile que cette politique virtuelle.

Comment fait-on alors pour croire à la politique ?

Nous avons besoin d’un printemps français, de retrouver le sens du collectif. Le France n’a pas vocation à être à la traîne des autres pays, n’a pas vocation à être un pays d’indifférence collective. La France a vocation à être acteur de l’histoire.

Concrètement, cela passe par quoi ?

Je l’ai dit et je le redirai, même si cela n’intéresse personne. Parce que les combats qui n’intéressent personne méritent d’être livrés. Vous commencez à cinq ou dix, et vous avez peut-être une chance, cinq ans, dix ans, vingt ans plus tard, d’avoir le peuple avec vous. Cela commence par le réveil des citoyens. Il faut mettre la citoyenneté au cœur de tout. Cela passe par un service citoyen obligatoire, et surtout par un revenu citoyen qui, est le début du pacte entre les Français. Si vous acceptez de donner 850 euros à chaque Français en échange d’une activité, c’est le commencement d’une vie commune.

Ce que vous appelez la révolution de la dignité peut se produire à l’occasion de la campagne présidentielle ?

Il y a deux questions que les Français vont se poser en 2012 et qui vont fabriquer l’offre politique à l’élection. La première, c’est stop ou encore pour le pouvoir en place. Est-ce qu’on réélit Nicolas Sarkozy ? Cette question n’est pas à son avantage. Deuxième question, voter pour qui ? Pour quoi faire ? Strauss-Khan est out. Viennent ensuite des candidats qui n’avaient pas vocation à être au premier rang au Parti socialiste et qui vont se battre entre eux. Cela peut rapetisser à la cuisson, on sait tous qu’une grosse marmite, pendant plusieurs mois, ça réduit beaucoup, surtout à feu fort ! Et puis les Français ont besoin de liberté, d’indépendance et d’expérience. Moi je n’ai pas participé aux cinq dernières années de la présidence de Nicolas Sarkozy, je n’ai été complice de rien.

Il n’y a vraiment aucun point d’accord avec la gauche ? Même sur la fiscalité ou l’éducation ?

Ce n’est pas sur des points qu’il faut se retrouver.

Même pour bâtir une alternative à Nicolas Sarkozy ?

La campagne de 2012, ce ne sera pas contre X ou Y. Aujourd’hui l’UMP et le PS sont dans des logiques d’ajustement. Ils pensent que par des aménagements, on change le destin français. Moi, je ne le crois pas. Je veux tout ce qu’on veut mais je le veux grand. Car la France est une grand pays.

Tout le monde – Nicolas Sarkozy, la gauche – dit que la France est un grand pays.

Oui, mais où sont les solutions ? Jacques Chirac, en 1995, a fait campagne sur la fracture sociale. Il a fait une analyse mais il n’a pas apporté la réponse. Aujourd’hui, j’apporte cette réponse. La réponse à la fracture sociale, c’est de créer une nation et, pour créer une nation, il faut une solidarité, et c’est le revenu citoyen.

Que pensez-vous de la politique culturelle ?

La culture dans ce pays n’intéresse personne et c’est bien dommage. J’ai l’ambition de faire de la France une véritable exception culturelle. Je voudrais que la création culturelle dans notre pays soit exemptée de l’impôt jusqu’à un certain montant de revenus. Je veux que les grands créateurs viennent en France. La France ne peut-être la France si elle rayonne et si les Français sont fiers.

Avez-vous vu la Conquête ?

Non. Ce qui m’a gêné dans les extraits que j’ai vus, c’est ce concours de sosies. Et la méconnaissance de la psychologie de la vie politique française. J’ai le sentiment d’un film de connivence qui, tout ayant l’air de s’en moquer, sert la soupe au pouvoir, et cela m’est insupportable. Un film politique, ça doit prendre des risques. L’art, c’est le détour. On prend quelqu’un par la main et on lui raconte une histoire. Là, il n’y a pas de détour, c’est le Musée Grévin !


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Commentaires
J
parfois! Merci JMMDT, je viens de corriger
Répondre
J
L'article apparaît deux fois à la suite ;)
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