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18 octobre 2011

François Hollande vainqueur... il lui reste à se faire élire !

Sur MARIANNE
Gérald Andrieu et Philippe Cohen (Marianne) | Dimanche 16 Octobre 2011 à 21:32 | Lu 9773 fois

 

François Hollande a été désigné par plus de 56% des électeurs (chiffre 21h20) comme candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012. Reste à savoir à quelles conditions le candidat peut transformer ce succès dans son camp en victoire définitive. Sur son chemin long et pentu, il devra chercher, et mieux, trouver le peuple.

 

C'est fini ! Jean-François Copé, Christian Jacob et les autres font mine de retrouver le sourire : le PS a fini de squatter les télévisions, maintenant c'est au tour de l'UMP. Ce fut d'ailleurs l'un des principaux intérêts de cette compétition : montrer que la droite et l'UMP n'avaient plus, comme dans la période précédant l'élection présidentielle de 2007, le monopole du débat d'idées, puisque, en tout cas avant le premier tour, les candidats ont tous dû plus ou moins se prononcer sur les questions-clefs comme la mondialisation, l'économie, la réindustrialisation.

François Hollande a fait, comme on dit par une mauvaise métaphore, la course en tête. Qu'est-ce qu'il lui a permis de l'emporter ? Sa fameuse saillie sur le président normal ? Elle a plu, mais ce n'est pas un programme politique. Sa mesure-phare de création de postes de profs ? Sans doute pas, surtout d'autant les premiers intéressés ont compris que combinée avec la diminution des redoublements, les dites créations risquent de se révéler fort modestes. François Hollande a-t-il gagné parce qu'il a, dès le début de sa campagne, pris position pour une politique de rigueur budgétaire ? Pas davantage, car on ne voit pas comment les électeurs de la primaire se seraient convertis au néo-barrisme de François de Closets même si ce dernier vend beaucoup de livres .

Parions sur une autre hypothèse. François Hollande a gagné, d'abord par défaut, son adversaire ayant été gravement handicapée par son accord avec DSK. Le pacte de Marrakech rendait difficile la stratégie de gauchissement de sa campagne, qu'elle n'a d'ailleurs entamée que dans la toute dernière ligne droite. Du coup, les deux finalistes ont éprouvé quelque difficulté à se distinguer l'un de l'autre, comme cela était évident durant le débat télévisé de mercredi soir.

En fait, les électeurs ont été, au second tour, convaincus par l'argument évoqué notamment par Ségolène Royal, selon lequel il fallait que le candidat du PS soit indiscutable. Bref, les électeurs, en dépit de sondages donnant peu de différence entre Aubry et Hollande au second tour face à Sarkozy, se sont persuadés que le député de Corrèze avait plus de chances de rassembler un majorité de Français face à Nicolas Sarkozy. En somme les électeurs ont désigné le vainqueur de la primaire pour des raisons  ... secondaires, en ce sens qu'il avaient, et cela se comprend, la présidentielle dans la tête. François Hollande s'est en quelque sorte,« strausskahnisé », puisque, avant ses tribulations hôtelières, les mêmes commentauteurs et les mêmes électeurs s'étaient persuadés qu'il pouvait seul gagner contre la droite. Cela paraît si loin maintenant...

Qu'importe. Ce qui inquiète à présent les électeurs est que le Parti socialiste soit en ordre de marche et uni pour cette campagne. Martine Aubry aura-t-elle la « rancoeur dure » ou « la rancoeur molle », comme elle en a donné l'impression lors de sa déclaration de ce dimanche soir ? Pour Razzy Hammadi, secrétaire national aux Services publics et soutien d'Aubry, les petites phrases passées n'empêcheront pas le rassemblement. Et de prendre en exemple la rudesse des échanges entre Hillary Clinton et Barack Obama : « Ca n'a pas empêché de battre Monsieur McCain ! » D'ailleurs, face aux journalistes réunis à Solférino, il explique ne plus se souvenir de la moindre petite attaque. En somme, entre caciques socialistes, la posologie est claire et immédiate : c'est anosognosie pour tous, matin, midi et soir !

Mais l'appareil PS aux mains des aubrystes saura-t-il se mettre au service de Francois Hollande ? En 2006, Ségolène avait dû faire avec un parti récalcitrant. Francois Kalfon, strauss-kahnien revenu dans le giron d'Aubry après la chute de son candidat, lui, en est sûr : le parti saura faire le job, il en a le devoir. « Lors de la primaire de 2006, » explique-t-il, « il y avait eu 200 000 votants. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 2,7 millions de personnes. La responsabilité qui est la nôtre n'est plus du tout la même. Il y a parmi ces Français des gens qui ne sont pas adhérents au PS, des personnes qui sont adhérentes dans d'autres partis, des écologistes notamment. »  

Ces primaires marquent donc un incontestable succès du Parti socialiste. Ses responsables ont su animer le débat politique français pendant plusieurs semaines en évitant les guerres fratricides qui lui avaient tant nui par le passé. La victoire de François Hollande est nette. Mais il reste un long chemin : contrairement à ce qui a été dit ou écrit ici ou là, les primaires n'ont pas réellement réussi à mobiliser le peuple, ce qui était, il faut bien le reconnaître, très difficile. Et pour le convaincre de l'alternance, François Hollande devra sans doute se montrer plus précis et plus imaginatif qu'il ne l'a été jusqu'à présent : premières victimes d'une crise cruelle et durable, les classes populaires attendent probablement une vraie rupture.
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