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8 novembre 2011

2012 : François Hollande doit-il commenter toutes les mesures du gouvernement ?


Sur le NObs+

LE PLUS. A force de multiplier les commentaires sur les mesures adoptées par le gouvernement, François Hollande a peu de chance de construire son image de candidat à la présidentielle.

Philippe Sage

> Par Philippe Sage Empêcheur de tourner en rond

Edité par Melissa Bounoua  

Lundi soir, François Hollande était l’invité de David Pujadas dans le JT de France 2. Le candidat du PS à la présidentielle 2012 était sollicité pour donner son avis sur le nouveau plan de rigueur annoncé dans la journée par François Fillon. Fillon qui, au passage, était lui, quelques instants plus tôt, interrogé par Laurence Ferrari dans le JT de TF1.

 

François Hollande le 28 octobre 2011 sur le plateau du journal de France 2 à Paris (France 2/AFP)

 

Si, ma foi, il semble dans l’ordre des choses, et je dirais même : utile, que le Premier ministre vienne, ainsi, le soir, à une heure de très grande écoute, expliquer aux citoyens, les raisons qui l’ont amené, lui et son gouvernement, à prendre telle et telle mesures, les expliquer, calmement, sereinement, d’autant en des circonstances que nul ne peut ignorer.

 

 Hollande l'opportuniste

En revanche, on peut s’interroger sur l’opportunité d’aller, dans le même temps, ou quasiment, commenter ledit plan. Car, pour qui aurait suivi la prestation de François Hollande, lundi soir, force est de constater que nous ne dépassâmes jamais le stade du commentaire. Voilà qui est fâcheux. Et fort décevant.



François Hollande invité du 20h de France 2 par francoishollande

 

Or donc, la question pourrait être la suivante : est-ce bien le rôle du candidat du PS de se précipiter, comme ça, sur le premier JT venu pour commenter l’action du gouvernement ? Nous abreuver de constats et de chiffres que nous connaissons, car rabâchés (ainsi les fameux cadeaux fiscaux de Nicolas Sarkozy : bouclier, ISF, etc.), tant et tant rabâchés d’ailleurs, que ça en finit par devenir lassant. Voire contre-productif.

 

S’il convient de réagir, n’y avait-il pas d’autres canaux pour le faire (un simple communiqué par exemple, ou Internet que, visiblement, nos politiques ne savent toujours pas utiliser à bon escient et efficacement) ? Ou, à la rigueur – mot à la mode – ne se serait-il pas trouvé d’autres hommes ou femmes de son équipe (ou future équipe) de campagne qui auraient pu se prêter à cet exercice (du JT, donc), de toutes les façons particulièrement vain ? 

 

Bref, est-ce le rôle d’un prétendant à l’Elysée, qui se doit d’être, avant tout, une force de propositions, d’aller platement commenter un plan de rigueur ? Ah bien sûr, si François Hollande, passés les commentaires, de toute évidence inévitables, nous avait, avec force, détermination, expliqué ce que, lui, aurait fait, quelles mesures il aurait prises, et pourquoi, alors là, oui, c’eut été très intéressant. Et porteur. D’autant que s’il nous avait démontré, et brillamment, que celles entérinées par le Premier ministre n’étaient pas celles qui convenaient.

 

Mais, allez savoir pourquoi, il ne l’a pas fait. Se bornant à dire que c’était "injuste", "incohérent", "inefficace". Des mots, mais rien derrière. C’est faible. Et inquiétant, pour un prétendant. Un représentant de l’alternance.

 

Le retour de Flanby

Ah oui, si le candidat du PS s’était mis dans la peau du Président – il va bien falloir le faire, à un moment, il ne peut rester en permanence dans l’incantation – nous décrivant précisément quelles mesures, immédiates, il aurait été bon de mettre en œuvre pour notre pays, afin qu’il évitât une possible récession, qu’il conservât son triple A, qu’il retrouvât un tantinet le chemin de la croissance, de l’espoir, alors là, bien sûr, il était le Phénix, le Magnifique, il raflait la mise, et comment !

 

Mais non. Rien de tout ça. Sinon du mou, du flou, du déjà entendu, et surtout, pas de hargne, pas de colère, pas de souffle. Alors qu’ici ou là, on s’indigne, on n’en peut plus. Alors que là-bas, plus loin, des salariés voient leurs retraites et leurs salaires rognés, leurs acquis petit à petit s’évanouir, même que ça nous pend au nez, à nous, les Français, et quoi ? Nous voyons quoi ? Un homme qui mime Mitterrand mais n’en a pas la carrure. Un homme qui commente, se répète, ânonne, reste dans le vague, jamais ne prend le moindre risque. Un centriste. C’est triste.

 

En même temps, on comprend. Oh si, un peu... Papandréou, Zapatero, ne sont-ils pas comme Hollande, des socialistes ? Et qu’ont-ils fait, en Grèce, en Espagne ? Ont-ils résisté à la loi des marchés ? Ont-ils dit : "Non" ? Se sont-ils comportés comme des socialistes ? Non, bien sûr que non, ils ont plié, obtempéré. Et leurs peuples, sacrifiés. On comprend dès lors que la marge de manœuvre, celle du candidat Hollande, est délicate maigre.

 

On comprend surtout que son programme pour la France ne sera pas socialiste, sauf que lui, contrairement à Jospin, se gardera bien de nous le dire. Et puisqu’il n’est pas socialiste, qu’il ne représente donc pas une alternative mais une alternance molle, un peu à la Bayrou 2007, il commente. Au JT. Se réserve, dit-on, pour janvier. Il joue la montre. Il joue en contre. Comme souvent. Comme toujours. C’est pénible, je trouve. Mais surtout, ce n’est pas à la hauteur. Nous méritons mieux que ça. Que cette platitude.

 

Quand Pujadas évoqua le gel du salaire du Président de la République et des ministres, François Hollande répondit : "Je ne sais pas s'il faut en rire ou même en pleurer". C’est votre prestation, Monsieur le candidat, qui, lundi soir, ne prêtait pas à rire. Et, je vous fais le pari que si vous ne vous reprenez pas fissa, si la gauche ne vous empoigne pas, ne vous saisit pas plus que ça, le 22 avril prochain, nous serons des millions à pleurer. Sur nous, pas sur vous.

 


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