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8 novembre 2011

Réduction d'émissions de CO2 : le rapport qui dérange

Sur LA TRIBUNE

 

Le rapport de Christian de Perthuis, Trajectoires 2020-2050, que s'est procuré La Tribune, souligne l'impact positif pour l'emploi d'une réduction des émissions de CO2 de 30 % d'ici 2020, plutôt que -20. Une idée suffisamment subversive pour que sa publication ait été bloquée.

Copyright Reuters
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Faut-il conserver l'objectif actuel de réduction des émissions de CO2, soit - 20 % d'ici 2020 ? Ou passer à -25 % voire - 30 % ? Enterré par la crise financière, le débat a ressurgi avec le document "Trajectoires 2020-2050 vers une économie sobre en carbone", remis à la ministre de l'Environnement la semaine dernière. Un débat visiblement épineux : contrairement aux usages, le rapport n'a pas été publié. Sa diffusion aurait été retardée à la demande du Premier Ministre. A moins que ce ne soit "pour que tous les ministères en prennent connaissance", comme l'assure le ministère de l'Environnement. Selon nos informations, le micmac a pour origine le Medef, qui s est insurge contre l avant dernière version du rapport en la jugeant peu réaliste, et a incite a édulcorer le message. "Réduire les émissions de CO2 de 30 % n'est pas jouable", assure-t-on au syndicat du patronat.

Parmi les idées subversives contenues dans la centaine de pages du rapport, on retrouve le lien entre croissance et changement climatique. Comme l'évoquait le rapport Stern en 2009, le rapport Perthuis conclut que la France bénéficiera de plus de croissance et d'emplois si elle accentue son effort. Dans les trois hypothèses envisagées, qui sont le statu quo (- 20 % d'ici à 2020), ou le changement d'objectif à -25 % et - 30 %, la dernière hypothèse est donc la plus riche en emplois (+ 125.000 en 2020 et + 164.000 en 2050). En contribuant à tirer le prix du carbone vers le haut, soit environ 40 euros par tonne en 2020, porter l'objectif de réduction d'émission à - 30 % permettra en effet au gouvernement de retirer des ressources supplémentaires.

 

Transférer les connaissances aux PME

A partir de 2013, une partie des quotas sera en effet vendue par l'Etat aux industriels, plutôt que donnée. Un prix plus élevé du quota permettrait donc à l'Etat de recouvrir des sommes plus importantes, qui pourront être consacrées à l'allègement des charges sociales et au soutien à l'innovation et donc créer des emplois par ricochet. Inversement, le statu quo aboutirait à un destruction de 12.000 emplois. "Aujourd'hui, les grandes entreprises françaises disposent de capacités importantes de R&D. Mais il s'agit de trouver le moyen de transférer les connaissances aux petites et moyennes entreprises, car cela générerait de la croissance et de l'emploi", assure le rapport.

Et c'est là où l'on comprend mieux l'enjeu du virage économique qu'il propose. Qui revient à transférer de la richesse des entreprises du CAC 40, principales acheteuses de quotas de CO2 aux petites et moyennes entreprises, plus porteuses en emploi. Parmi les secteurs concernés, l'énergie et le bâtiment, peu sensibles à la concurrence internationale, devraient être les secteurs les plus sollicités par le durcissement de l'engagement. Qui est, aujourd'hui, loin d'être acquis: il n'aurait de sens que si le reste de l'Europe fait de même. Le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Danemark se sont déjà engagés à des réductions encore plus importantes ; la décision de la France en la matière pourrait donc jouer les pivots pour entraîner, ou non, le reste du Vieux Continent. "Si ces voies d'approfondissement retiennent l'attention, il faudra les conduire dans un cadre assurant (...) une bonne alimentation du débat public", conclut le rapport dans sa dernière phrase. Ça commence mal.

Aline Robert - 06/11/2011

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