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29 décembre 2011

Pendant les fêtes, allez voir un tableau de Bruegel au cinéma!

Elodie Emery - Marianne | Jeudi 29 Décembre 2011 à 12:04 | Lu 309 fois

 Avec « Bruegel, le moulin et la croix », le polonais Lech Majewski adapte au cinéma... un tableau. Et plus précisément encore, la critique d'art d'une toile de Pieter Bruegel intitulée « Le portement de croix ». Étonnant et plutôt réussi.

 

(Capture d'écran - bande annonce)
(Capture d'écran - bande annonce)
Devant la bande annonce de Bruegel, le moulin et la croix, on est intrigué, mais surtout, on reste sceptique : le film est une plongée au cœur d’un tableau de Pieter Bruegel, soit. Mais ça ne peut pas être que ça ? Et bien si. Pas de dialogues, pas de scénario ou presque, mais une lente promenade dans l’univers pictural du peintre flamand. Comme dans un film d’aventure où un groupe d’enfants intrépides sauterait à pieds joints dans une photo ou un livre de contes pour y vivre une histoire fantastique. Sauf que, à la différence des protagonistes de Narnia, ce ne sont pas d’haletantes péripéties qui attendent les spectateurs de ce film, mais plutôt une sorte d’explication en mouvement de la toile du maître.

Comme dans toute bonne critique d’art, on apprend le contexte de réalisation du tableau : en 1564, les Flandres sont occupées par les espagnols, qui font preuve de beaucoup d’imagination pour persécuter les locaux (supplice de la roue, enterrement de femme vive, crucifixion…). Sous la commande de son ami collectionneur d’art, Bruegel entreprend la peinture du « Portement de croix », vaste chef d’œuvre qui se veut une synthèse de ces temps où règne le chaos. Il dessine des centaines de personnages et autant de scènes qui brossent le quotidien de l’époque ; au milieu de cette fourmilière, Bruegel glisse la silhouette de Jésus portant sa croix, entouré par gardes et badauds.

On voit l’artiste brosser ses esquisses, expliquer la signification du moulin perché au sommet d’un pic rocheux, préciser un symbole de vie ici et une parabole macabre un peu plus loin. Avec son ami collectionneur, le peintre est l’un des seuls personnages qui prononce quelques mots au cours du film. Charlotte Rampling s’exprime également à quelques reprises en voix off ; elle incarne la mère de Jésus, ce qui nous change de ses prestations dans les publicités pour Allianz. A part ces quelques exceptions, les personnages ne parlent pas. On les entend rire, gémir et pleurer, mais aucun dialogue ne vient gâcher le tableau.

Car c’est bien à la contemplation que le réalisateur nous invite. C’est toujours la peinture réalisée par Bruegel qui sert de décor, donnant tout son sens à l’expression « toile de fond ». Le contraste entre les comédiens, bien réels, et leur environnement pictural crée une atmosphère étrange, un rien angoissante. La lumière est magnifique ; grâce aux mouvements de la caméra, elle surprend tout ce que le spectateur du tableau ne peut pas voir, comme le meunier qui travaille dans son moulin ou les enfants qui jouent dans une maison. Pour les amateurs de peinture ou d’ovnis cinématographiques, cette invitation V.I.P. pour les coulisses d’un chef d’œuvre vaut le détour.
En salles depuis le 28 décembre

 

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