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12 janvier 2012

Mélenchon ou l’idéologie salvatrice, Hollande ou le pragmatisme destructeur

Par Maxikap sur AGORAVOX


Les fêtes de fin d’année ont été pour la plupart d’entre nous l’occasion d’échanger sur les prochaines élections présidentielles. Bien souvent la dinde n’était pas le seul oiseau dont le nom fut prononcé lors de ces repas familiaux. Au dessus des marrons, les arguments des uns s’entrechoquèrent aux arguments des autres et se terminèrent dans une bonne empoignade fraternelle autour d’une bonne bûche au chocolat.

Mon réveillon de cette année s’est déroulé de cette manière. Le début était pourtant bon enfant. Chacun parlait de ses activités, de son travail, de sa vie. On essayait d’éviter l’inévitable moment où les confrontations d’idées allaient débuter. On souriait, on rigolait, on s’embrassait. C’était la fête quoi ! Mais, comme nous le redoutions, et sans vraiment savoir comment, le sujet de la politique arriva sur la table…et brusquement, le niveau sonore augmenta de plusieurs décibels. Comme dans toutes les familles, tous les courants politiques sont représentés dans la mienne. De la droite bien dure, à la gauche bien molle, du centre d’on ne sait quoi, au gauchiste rouge et vert (que je représentais). Nous étions tous bien là, figés dans nos belles caricatures…

Les débats allaient bon train. Au début, la gauche contre la droite ! Et, comme d’habitude, la résistance des amis du Fouquet’s, n’était pas au niveau. Après avoir dû leur donner des cours d’économie sur les raisons de la crise financière actuelle, il ne restait plus grand monde à droite pour apporter quoi que ce soit de constructif au débat. Les derniers remous de ce bord furent alors : « De toute façon ton Mélenchon est comme les autres et fera pareil, c’est à dire rien ! ». Bel aveu de faiblesse. En tout cas ce fut un argument suffisamment faible pour ne pas m’y arrêter et me préparer à mon deuxième combat : celui intra-gauche contre mon frangin.

La bataille était très fraternelle et bien plus posée qu’avec la partie droite de la famille. Le débat prenait enfin de la hauteur ! Arriva alors sur la table un argument qui me fit bondir de ma chaise. Mon frère, donc, avoua que le PS avait quelque peu abandonné l’idéologie et les rêves socialistes pour devenir plus pragmatique face à la situation du monde. En quelque sorte, pour s’en sortir, l’idéologie ne faisait plus le poids. Seul le pragmatisme raisonné du PS pouvait nous sortir de la catastrophe sociale, écologique et économique qui prend forme sous nos yeux quotidiennement.

Je lui ai alors répondu : « Comment un homme, avec une telle conviction de gauche comme la tienne, peut-il laisser ses idéaux de côté et accepter ce pragmatisme qui n’est plus socialiste ? ». Sa réponse fusa comme un couteau acéré et vint atteindre mon cœur de gauche : « le PS, grâce à son passé, est le seul parti pouvant battre Sarkozy. Il faut voter utile ! »…Voilà ! Tout était dit. Les convictions étaient laissées dans une petite boite au fin fond d’une armoire de sa chambre d’enfant et ce, au profit d’une réalité qui ne lui plaisait pas plus que ça, mais avec laquelle il pouvait faire avec. Et tout ça pour quoi ? Pour battre Sarkozy. Les propositions, les programmes, les bilans, rien n’avait d’importance. Seul la défaite de la droite comptait. Triste constat d’un PS en perte de crédibilité. L’objectif de ses partisans n’est plus de faire gagner son parti mais de faire perdre son adversaire.

 

Cet échange m’a fait prendre conscience qu’un bon nombre d’électeurs du PS n’avait plus de repère quant à la déviation idéologique du parti. Pour eux, le pragmatisme affiché par les chefs socialistes, est juste une adaptation du socialisme au monde globalisé gouverné par la finance. Ils pensent que les idées sont là, mais, enrobées à la sauce « capital » avec comme objectif de « raisonner le capitalisme ». Là où le bât blesse, c’est qu’à aucun moment, ces électeurs ne se demandent si le capitalisme est raisonnable. Comment pouvez-vous raisonner un système qui met en haut de l’échelle le pouvoir du capital ? Dans un tel système l’argent va toujours à l’argent. Le social n’y a malheureusement pas sa place. De nombreux économistes l’ont pourtant démontré depuis plus d’un demi-siècle : capitalisme et socialisme ne font pas bon ménage. Et pourtant, la capitulation des Socialistes dans les années 80 face aux pouvoirs de l’argent et des marchés financiers en fait aujourd’hui des collaborateurs du système. Non, le pragmatisme de monsieur Hollande et de ses pairs est juste une façade pour masquer l’idéologie néolibérale qu’ils soutiennent depuis le milieu des années 1980, idéologie qui nous mène tout droit vers la « Grande Régression » si bien décrite par Jacques Généreux. Voilà pourquoi je considère que ce pragmatisme est destructeur car il nous mènera vers la même finalité que la politique de monsieur Sarkozy : la régression sociale et humaine.

 

J’appelle donc tous ceux qui ont le cœur à gauche, à aller rechercher leur petite boite cachée au fond de leur armoire. Petite boîte dans laquelle ils avaient placé bien précieusement leurs rêves et leurs idéaux. Je leur demande de bien les regarder en face et de se demander s’ils méritent de tomber dans l’oubli.

La résistance menée par le Front de Gauche contre les marchés financiers et le capitalisme est bercée par ce retour à l’idéologie socialiste. Elle est menée par des hommes et des femmes qui ont osé reprendre leurs idéaux pour s’en servir comme une arme contre la destruction sociale et le régression humaine imposée par les néolibéraux. Le pragmatisme n’est qu’un leurre. Seul l’idéologie sera salvatrice !

 

Au fait, j’allais oublier de raconter la fin de mon réveillon. Lors du déballage des cadeaux, tout le monde fut ravi de découvrir que je leur avais offert à chacun un livre de Jean-Luc Mélenchon…en espérant qu’ils aient daigné l’ouvrir.

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