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19 mai 2014

Quand Gerard Schröder parle de Poutine et de la Russie

 Sur CENEMPECHEPASNICOLAS

 

 

17 Mai2014

 

 

 

Un gars lucide, ça fait du bien ! Un concentré de bon sens. Problème : les gars lucides, ils ne sont plus au pouvoir !!!

Titre original : « Nous nous saluons ainsi depuis plus de 14 ans » [NdT. j'ai choisi cet autre titre, un peu plus adapté à la gravité de la situation !]

Au plus fort de la crise ukrainienne, Gerhard Schröder a célébré son 70e anniversaire avec le président russe. Dans cette interview, il explique pourquoi nous devrions mieux écouter Vladimir Poutine.

Ça sent le cigare dans le couloir de Gerhard Schröder. L’ancien Chancelier reçoit dans son bureau à Hanovre. Dans une interview pour les journaux allemand « die Welt » et suisse « Sonntagsblick », il parle pour la première fois publiquement de son anniversaire avec Vladimir Poutine.

Welt am Sonntag : « le favori du Tsar » et « l’entreprise Schröder », « les fréquentations bizarres de Schröder », « l’impudente familiarité de Schröder », « déficit de caractère » – M. Schröder, quelle est votre réaction lorsque vous lisez ce genre de commentaires ?

Gerhard Schröder : Aucune. J’ai déjà vécu cela auparavant et c’est la raison pour laquelle cela ne me surprend pas. Pendant les discussions houleuses avec les États-Unis lors au sujet de la guerre en Irak, les mêmes journalistes n’avaient attaqué avec la même violence. S’ils avaient pu en décider, l’Allemagne aurait fait cause commune en Irak avec les Américains. J’avais raison à l’époque, et je suis d’avis qu’il est aujourd’hui juste de discuter avec le président russe.

WAS : Était-ce le geste correct aussi peu de temps après l’annexion de la Crimée par Vladimir Poutine ? Ou n’avez-vous tout simplement pas prêté attention au fait que vous étiez photographié ?

Schröder : Bien sûr que je me savais photographié. Mais je n’ai rien à cacher, et je ne vais pas non plus me contorsionner. Depuis que je connais Vladimir Poutine, soit plus de 14 ans, nous nous saluons de cette manière. Je ne vais pas changer cela dans une période difficile.

WAS : Sans ces images, les gros titres de la presse auraient été moins sévères.

Schröder : Toute personne qui tente d’exprimer une position différente à propos du problème ukrainien doit actuellement compter avec des commentaires durs, parfois injustes dans les médias allemands. On a même accusé l’ancien chancelier Helmut Schmidt de ne plus être intellectuellement à la hauteur. Quelle insolence ! Incidemment, ce faisant, les journalistes allemands écrivent au rebours de l’opinion d’une grande partie de leurs lecteurs.

WAS : Comment en est-on arrivé à cette fête d’anniversaire à St-Pétersbourg ?

Schröder : Je suis le président du comité d’actionnaires de la société de gazoduc Nord Stream, un joint-venture européen avec des actionnaires russes, français, allemands et hollandais. En automne, les actionnaires ont décidé d’organiser à l’occasion de mon 70e anniversaire une réception à Saint-Pétersbourg.

WAS : Pourquoi Poutine y a-t-il participé ?

Schröder : Il a été invité.

WAS : Mais vous êtes l’homme à l’honneur. N’avez-vous eu aucune influence sur la liste des invités ?

Schröder : Le président russe n’est pas « persona non grata ». Je suis heureux qu’il soit venu – aussi parce que je savais qu’il y avait la possibilité d’avoir un entretien.

WAS : Pensiez-vous parler de l’Ukraine à Poutine ?

Schröder : Oui. En ce qui concerne la libération des observateurs militaires de l’OSCE, cela a même conduit à un résultat positif. J’ai utilisé l’entretien avec le président Poutine pour le prier d’aider à la libération des otages.

WAS : L’entretien a-t-il eu lieu en tête-à-tête ?

Schröder : J’ai parlé avec lui en privé. Mais sur cette question, d’autres intervenants étaient là également. Pour l’un d’entre eux, M. Missfelder, cela a même été débattu publiquement.

WAS : Dans quel climat se sont déroulées ces discussions ?

Schröder : amical, mais aussi sérieux. Mais je ne révèle jamais les détails de discussions confidentielles. Je m’y tiendrai également dans ce cas.

WAS : Avez-vous informé à l’avance Angela Merkel de votre rencontre avec Poutine ?

Schröder : Non, ce n’est pas mon genre d’informer quiconque de mes rencontres à l’avance.

WAS : Pas même pas votre ami, le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier ?

Schröder : Frank-Walter Steinmeier l’a dit lui-même publiquement il y a peu de temps : Quand j’assiste comme personne privée à un événement, je n’ai pas à demander l’autorisation à qui que ce soit au sein du gouvernement.

WAS : Vous discutez avec Steinmeier au sujet de cette crise ?

Schröder : Nous avons des échanges occasionnels. Mais nous n’avons pas parlé dans le cadre de ce voyage.

Monde dimanche : Vous êtes à la solde d’une entreprise, dont une partie est détenue par l’État russe. Comprenez-vous qu’on puisse le critiquer ?

Schröder : Non, parce que Nord Stream est une entreprise européenne dont le siège est en Suisse. Les actionnaires en sont Gazprom, les entreprises allemandes E.on et BASF-Wintershall, Gasunie des Pays-Bas et Gaz de France-Suez de France. Gazprom détient la majorité mais je suis absolument indépendant dans mes décisions.

WAS : Est-on encore un simple individu, si l’on a été Chancelier ?

Schröder : On est une personne privée mais je me considère toujours encore comme un homme politique. Il y a des choses qu’un ex-chancelier ne devrait pas faire comme critiquer le gouvernement allemand à l’étranger. On doit utiliser certaines situation pour parler de questions d’actualité, comme le sort des observateurs de L’OSCE. C’est ce que j’ai fait.

WAS : Quelle importance accordez-vous à votre place laissée dans l’Histoire ?

Schröder : Ce sera un jour le devoir d’historiens d’en juger. En général on ne devient un personnage historique que quand on est mort. Moi, je suis vivant.

WAS : Qu’est-ce que vous lie à la Russie?

Schröder : Le cœur de ma relation avec la Russie n’est pas mon amitié avec le Président, ni le fait que j’ai adopté deux enfants d’origine russe. Ma relation avec le pays et ses habitants a un arrière-plan historique. Nous autres, Allemands, avons été responsables de 25 millions de morts en ex-Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. La réconciliation avec la Russie relève du miracle pour moi.

En Russie, il y a une grande sympathie pour l’Allemagne. J’ai toujours été fasciné de voir cela après les terribles événements de la Seconde Guerre mondiale. Et c’est un bien précieux, que nous ne devrions pas dilapider maintenant.

WAS : Comprenez-vous l’anxiété très concrète qui anime en ce moment les pays situés entre nous et la Russie ?

Schröder : Tous ceux qui connaissent l’histoire de l’occupation et de la répression par l’Union Soviétique comprennent qu’il y a des peurs d’origine historique en Europe de l’Est.

WAS : Après l’annexion de la Crimée, beaucoup de gens redoutent que la Russie ne s’approprie l’Ukraine orientale et rêve peut-être aux Pays baltes.

Schröder : L’idée que la Russie aurait un intérêt quelconque à intervenir dans des pays de l’OTAN n’a rien à voir avec la réalité.

WAS : Comment pouvez-vous le savoir ?

Schröder : Les pays d’Europe orientale sont membres de l’Union européenne et de l’OTAN depuis plus de dix ans. D’ailleurs, nous avons terminé le processus d’adhésion au cours de mon mandat de Chancelier, sans que la Russie ne s’y soit opposée.

La sécurité et la souveraineté de ces pays sont donc garantis. Nous devons respecter les sensibilités qui s’expriment dans ces pays. Mais de telles émotions sont mauvaises conseillères pour la politique réelle.

WAS : La Russie est-elle devenue plus démocratique au cours des dernières années, ou voyez-vous des reculs ?

Schröder : Après le chaos des années Eltsine, la Russie a regagné en stabilité avec le président Poutine. Une Russie stable est dans notre intérêt européen. Mais il y a sans aucun doute aussi des évolutions négatives. Je considère que les lois discriminatoires à l’égard des homosexuels sont une erreur.

WAS : Concernant l’évolution du conflit en Ukraine, la Russie de Poutine a répondu très autoritairement.

Schröder : Il y a eu des erreurs de chaque côté. La sécession de la Crimée est controversée du point de vue du droit international, mais c’est une réalité. La Crimée a décidé lors d’un référendum qu’elle voulait faire partie de la Russie. C’est un fait accompli.

 WAS : Il y a eu un référendum fait à la va-vite, sans contrôle public ni observateurs internationaux, et la population a opté pour le détachement de l’Ukraine. Les Russes ont annexé la Crimée. Était-ce la bonne solution ?

Schröder : C’est la réalité.

WAS : Quelle est la principale raison de l’aggravation de la crise que nous constatons actuellement ?

Schröder : L’erreur fondamentale a été la politique d’association de l’UE. L’UE a ignoré que l’Ukraine est un pays profondément divisé culturellement. Depuis toujours les gens du sud et de l’est de l’Ukraine se sont orientés vers la Russie, et l’ouest plutôt vers l’UE. On aurait pu parler d’un accord d’association, mais en même temps en parler avec la Russie ! Le « tout ou rien » – soit l’association avec l’Union européenne soit l’union douanière avec la Russie – a été l’erreur initiale.

WAS : La première faute n’a-t-elle pas été d’avoir un président et un système corrompus en Ukraine ?

Schröder : C’est exact, mais le président déchu était arrivé au pouvoir par des élections libres.

WAS : D’après vous, comment ce gouvernement provisoire est-il arrivé au pouvoir ?

Schröder : Je ne connais pas le droit constitutionnel de l’Ukraine, c’est pourquoi je ne veux pas juger. Mais après l’entrée en fonction de ce nouveau gouvernement, de graves erreurs ont été commises. Quelle a été leur première décision? Abolir le russe comme langue officielle. De plus, la partie orientale du pays n’est pas représentée dans le gouvernement. Cela crée de la méfiance, de même que la participation d’un parti d’extrême droite au gouvernement. L’effet produit sur beaucoup de gens dans l’est et le sud du pays est compréhensible.

WAS : Comment Kiev peut-elle rétablir la confiance après tous ces conflits ?

Schröder : Avec une véritable fédéralisation du pays. Avec l’autonomie de ces régions. Je pense que le monopole du pouvoir de l’État ne peut être établi que par un État fédéral. En Suisse et en Allemagne, nous avons eu des expériences positives avec des systèmes fédéraux.

WAS : Croyez-vous que les régions en ébullition de l’est du pays vont participer à l’élection présidentielle du 25 mai, et qu’elles sont également prêtes à en accepter le résultat ?

Schröder : Il faut l’espérer. Et j’espère que le gouvernement central et les séparatistes vont cesser leurs activités militaires, sinon la tenue d’élections est difficilement imaginable. Il est de la responsabilité de la communauté internationale, de l’Occident et de la Russie, d’intervenir pour calmer les parties concernées.

WAS : Quelle est l’influence de Poutine sur les séparatistes ukrainiens ?

Schröder : L’idée que le Président ou le chef de gouvernement ou quelqu’un d’autre en Russie n’ai qu’à dire « Stop » pour que tout s’arrête, ne correspond certainement pas à la réalité.

WAS : Poutine vient d’appeler les forces séparatistes pro-russes à déplacer le référendum sur l’indépendance prévu dimanche. Qu’est-ce qui se cache derrière cet appel ?

Schröder : Il s’agit d’une contribution à une solution constructive et montre aussi que la Russie n’a aucun intérêt à une aggravation de la situation.

WAS : Pouvez-vous comprendre que le Premier ministre ukrainien Iatseniouk n’entende dans les paroles de Poutine que de l’« air chaud » ?

Schröder : Cette réaction a été on ne peut plus mal avisée, peut-être aussi à cause de la pression des forces nationalistes dans son gouvernement. Le gouvernement ukrainien devrait maintenant exploiter toutes les chances d’un règlement pacifique du conflit. S’ il ne le fait pas, c’est irresponsable. Il doit être prêt à un dialogue avec les forces ukrainiennes de l’Est et doit cesser les actions militaires. Si ce n’est pas le cas, l’UE doit faire pression sur le gouvernement de Kiev pour lui faire prendre cette voie. La clé de la solution pacifique ne réside pas seulement à Moscou mais aussi à Bruxelles, Washington et Berlin.

WAS : Etes-vous déçu par l’attitude de Merkel dans la crise ukrainienne ?

Schröder : l’Allemagne a une importance centrale pour la Russie. Nous sommes le partenaire le plus important de la Russie en Europe, non seulement économiquement mais aussi politiquement. Le rôle du gouvernement fédéral est donc très important. On devrait moins parler de sanctions en ce moment et plus des intérêts sécuritaires de la Russie. Une adhésion à l’OTAN de l’Ukraine n’est pas acceptable pour la Russie. Au lieu de cela, j’entends seulement que l’Occident doit isoler la Russie et Poutine.

WAS : Qui isole Poutine ? Mme. Merkel lui téléphone en permanence.

Schröder : Mais que peut-on attendre de quelqu’un qui est constamment menacé de sanctions ? Il s’agit aussi de donner à son interlocuteur le sentiment qu’on le prend au sérieux, lui et ses intérêts.

WAS : Comment devrions-nous parler à Poutine pour que quelque chose bouge ?

Schröder : Il est toujours utile, pas seulement dans un dialogue avec le président russe, de mener les discussions d’égal à égal. On devrait essayer de comprendre les arguments de son interlocuteur et ensuite de voir comment on peut arriver à une solution commune. Ce qui est sûr, c’est que les sanctions et l’isolement n’apportent rien.

WAS : Quelle serait votre solution?

Schröder : Une Ukraine fédérale, qui ne soit pas membre de l’OTAN. Une Russie qui accepterait sur cette base qu’un gouvernement ukrainien nouvellement élu soit légitime et indépendant et puisse lui-même déterminer son orientation politique.

WAS : Est-ce une bonne idée que Poutine maintienne la célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale avec un défilé militaire en Crimée ?

Schröder : Étant donné les terribles souffrances que l’Allemagne nazie a causées à l’Union soviétique, on devrait se retenir, comme Allemand, d’exprimer des critiques sur la manière dont la Russie commémore la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je pense qu’il est également juste que la France maintienne son invitation au président russe pour participer aux commémorations du Débarquement en Normandie.

WAS : Vous avez vous-même déjà assisté à un défilé en commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale à Moscou. Comment l’avez-vous vécu ?

Schröder : C’était le 9 mai 2005 à Moscou. Mes hôtes russes m’avaient placé en tant que Chancelier entre les représentants des anciens alliés, les présidents français et américain. Ensuite, le président Poutine a tenu un discours émouvant et déclaré que la Russie avait enterré la vieille aversion à l’Allemagne. Ensuite nous avons rencontré ensemble des vétérans russes.

Cela m’a beaucoup ému, c’est difficile à décrire. Ces hommes avaient tous 80 ans ou plus et m’ont témoigné beaucoup de gentillesse. J’ai visité avec Vladimir Poutine les gigantesques cimetières de St Pétersbourg. Il y a là des centaines de milliers de personnes qui ont été envoyées à la mort par l’Allemagne nazie. Quand je lis ensuite qu’il est le chef de la nouvelle droite en Europe, presque un nazi, j’ai trouvé cela absurde. Il a perdu son frère pendant la guerre.

WAS : Vous y avez perdu votre père !

Schröder : Son frère a perdu la vie pendant le blocus et la famine inhumains de Léningrad décidés par Hitler. Et actuellement, il constate qu’on le compare à un nazi déguisé. Ce n’est pas acceptable !

WAS : Comment jugez-vous le travail du ministre allemand des Affaires étrangères, M. Steinmeier ?

Schröder : Il essaie sérieusement de désamorcer le conflit. Il le fait parce que la politique de détente est un marqueur de la social-démocratie allemande. La politique en direction de l’est (Ostpolitik) est un de ses grands succès historiques. La réconciliation avec la Russie et la Pologne en est le cœur. C’est pourquoi je conseille de résister à la pression américaine pour plus de sanctions.- de manière durable.

WAS : Steinmeier peut-il faire cela ?

Schröder : je lui fais confiance.

WAS : Poutine est-il contraint d’adopter une ligne dure en Ukraine pour des raisons de politique intérieure ?

Schröder : Je ne le crois pas. Le président russe prend ses propres décisions. Et les dernières déclarations montrent aussi qu’il existe une volonté de trouver un accord.

WAS : Poutine est-il vexé de ne pas être pris au sérieux par l’Occident ?

Schröder : Les échanges sur pied d’égalité sont certainement quelque chose d’important dans la pensée politique de tous les Russes. Nous autres Européens devrions le reconnaître, , mais aussi les Américains.

WAS : Pour Poutine, la réaction de l’Ouest montre-t-elle qu’il n’est pas traité sur un pied d’égalité ?

Schröder : On ne devrait pas traiter la Russie de puissance régionale, comme l’a fait le président américain. Ce n’est pas faire preuve de bon sens. La Russie est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. La Russie est importante dans toutes les questions internationales importantes. Nous sommes dépendants de cette coopération.

WAS : Une chose est certaine: Le développement économique de la Russie, l’éducation, les infrastructures – tout cela est très décevant.

Schröder : En matière de politique de l’éducation, je ne suis pas d’accord. Mais sur le plan économique, la Russie doit devenir plus indépendante des matières premières. C’est pourquoi le partenariat de modernisation avec la Russie n’est pas mort. . Il y a plus de 6 000 entreprises allemandes qui sont actives en Russie, dans notre pays et 300 000 emplois dépendent du commerce avec la Russie.

Cela devrait être pris en considération lorsque l’on discute de sanctions économiques. Il ne faut pas taire pour autant qu’il y a des lacunes importantes en Russie, comme la corruption et l’absence d’état de droit. Le Président russe le voit d’ailleurs de la même façon.

WAS : Comment réagissez-vous quand on vous traite « d’ami de la Russie » ?

Schröder : Comprendre signifie se mettre à la place de l’autre, appréhender ce qui le motive. Ceux qui ne le font pas ne sont pas capables de mener une politique rationnelle, et encore moins une politique étrangère rationnelle.

WAS : Qu’est-ce qu’une politique rationnelle ?

Schröder : Vous pouvez également appeler cela Realpolitik. Cela signifie qu’il faut tenir compte de la position des autres dans ses calculs. Pour comprendre pourquoi ils agissent de la façon dont ils agissent.

Monde dimanche : Vous avez parlé cette semaine avec l’ancien Chancelier Helmut Schmidt…

Schröder : Oui, j’étais à Hambourg. J’aime bien passer le voir. Je lui ai parlé de nos discussions à Saint-Pétersbourg.

WAS : A quel point vos idées sont-elles semblables ?

Schröder : Je ne le revendique pas pour défendre ma position. Mais à partir de ses déclarations publiques, vous pouvez voir que nous faisons une évaluation similaire de la situation.

WAS : Qu’appréciez-vous chez Poutine?

Schröder : Sa fiabilité. Quand il dit oui, c’est oui, quand il dit non, c’est non. C’était par exemple le cas pendant les discussions au sujet de la guerre d’Irak. J’ai fait de même.

WAS : Quelle influence avez-vous sur lui ?

Schröder : Nous parlons ouvertement l’un avec l’autre. Ce qu’il retient de ces conversations, c’est son affaire.

Traduction : www.les-crises.fr

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N.B. : la reprise par les médias français est amusante. L’information de l’amitié entre Poutine et Schröder est à donner, mais ici, on sent clairement le “il est de parti-pris, il est ami de Poutine !!!”.

C’est inouï, sachant qu’on parle de l’ancien chancelier d’Allemagne – comme si l’amitié lui ferait sacrifier les intérêts de son pays !

Connait-on les amis de Hollande ou Cameron ? Entent-on dire que Hollande est un ancien Young Leader de la “French American Foundation” – ce qui pourrait poser aussi des questions sur son indépendance d’esprit – pas moins que pour Schröder en tous cas…

Par ailleurs, gloser autant sur le bon accueil (et encore, je ne vois rien de très choquant ou rarissime…) qu’il a fait à Poutine en période de tension – ce qui est un petit geste pour les apaiser - on frise le délire ; ils veulent un conflit…

Cela rappelle “la semaine de la haine” de 1984…

 

 

 

 

 

 

 

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