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1 juin 2014

Hugo CHAVEZ - De ces hommes qui méritent d’être crus.

LE GRAND SOIR

 

De ces hommes qui méritent d’être crus.

Intervention lors de la journée « Sur les pas de Chavez », le 5 mars 2014, à Paris. Retranscription à partir de quelques notes griffonnées, de mémoire et complétée par quelques précisions. VD

Bonsoir,

C’est la première fois que je me retrouve devant un pupitre. Et c’est la première fois que je rends publiquement hommage à un disparu.

Il y a deux façons de rendre hommage à une telle figure : à partir d’une analyse historique, ou à partir d’une vision personnelle. Et comme je ne suis pas un historien, je vais vous présenter ma vision personnelle.

Mon premier contact physique avec l’Amérique latine a eu lieu au mois de juillet 1982, au Nicaragua, lors du 3ème anniversaire de la révolution sandiniste. Une foule nombreuse et compacte se pressait dans la ville de Matagalpa. Ce fut par la même occasion ma première expérience de cette tradition qui consiste à scander le nom d’un camarade disparu et la foule de répondre d’une seule voix, à l’énoncé de chaque nom, « Presente ! ».

C’est une expérience qui m’a marqué. Cette façon de dire « on n’oublie pas », cette manière de voir le passé et les disparus non pas comme des éléments caducs, désuets ou dépassés, mais bien comme des éléments constitutifs à part entière du combat présent.

Ce fut une expérience marquante car elle prenait de court et même à contre-pied quelqu’un qui venait d’une société où les politiciens professionnels aiment dire des trucs du genre « le passé, c’est le passé, je préfère regarder vers l’avenir ». Une société où même la Libération et le programme du Conseil National de la Résistance sont déjà de « l’histoire ancienne ».

Ce qui introduit une première idée forte : à vision historique, comportement historique.

Une deuxième idée forte me vient par le biais de celui qu’on surnomme le Général des Hommes Libres, Augusto Cesar Sandino, qui, dans son premier manifeste politique adressé au peuple Nicaraguayen en 1927, écrivait ceci «  Celui qui n’exige rien de sa patrie, même pas un morceau de terre pour y être enterré, mérite d’être écouté. Et même plus que d’être écouté, mérite d’être cru. »

Ce qui m’amène à cette deuxième idée forte : la vérité est certifiée par l’abnégation.

De Bolivar à Chavez, en passant par José Marti, Fidel Castro, le commandant Marcos, et tous les autres : nous y voilà, nous y sommes. Au cœur même de la différence fondamentale qu’il y a entre un politique qui parle de révolution (ou pas), et un révolutionnaire qui fait irruption – j’ai presque envie de dire « contraint et forcé » - dans le champ politique.

Une troisième idée forte surgit à partir des images de Chavez (des images non « officielles ») , dans un documentaire d’Oliver Stone, South of the border. Je me souviens que ma première réaction a été de me dire que ce Chavez était quelqu’un à qui on poserait facilement la main sur l’épaule. Une impression donnée probablement parce qu’on sentait que l’inverse était tout aussi vraie.

Et puis il y avait aussi ce regard, un regard qui ne trompe pas, le regard de l’amoureux. Oui, Chavez, comme Bolivar, comme tant d’autres, était un amoureux, un grand amoureux. Il éprouvait un grand et authentique amour pour le peuple.

Je me permets d’ouvrir une parenthèse : j’avoue que si j’ai pu assez tôt et assez facilement intellectualiser cette idée d’amour envers le peuple, le sentiment en lui-même m’était étranger. Pour moi, aimer tout un peuple, ça ne voulait rien dire. Peut-être parce que je n’avais pas saisi la subtilité entre aimer un peuple et aimer le peuple. Et probablement aussi parce que je n’avais pas encore fait connaissance avec Cuba. (En amour, comme en tout, il faut bien une première fois.) Fin de la parenthèse.

Chavez était donc mu par une vision historique. Combien de conversations a-t-il échangées avec Bolivar ? Beaucoup, sans doute.

Chavez avait aussi la fougue et l’énergie d’un amoureux. Combien de nuits blanches passées dans son bureau, à lire, à réviser, à apprendre ? Beaucoup, sans doute.

Et Chavez était quelqu’un qui non seulement méritait d’être écouté, mais plus que ça, méritait d’être cru.

Alors, oui, j’avoue qu’en apprenant la mort d’Hugo Chavez, j’ai pleuré. Ce fut bref, mais intense.

En réalité, je n’ai pas pleuré la mort de Chavez, j’ai pleuré l’incommensurable injustice qui lui a été faite avant, pendant et après.

J’ai pleuré l’insondable médiocrité et bêtise de tous ces gens de très peu qui ne m’ont jamais inspiré autre chose qu’une vague indifférence ou mépris.

J’ai pleuré devant ce cirque occidental animé par des couillons, des abrutis, des charlatans, des « spécialistes », des nullités, des médiocres, des salauds, des omniprésents, des va-t-en guerre humanitaires – j’en ai toute une liste comme ça - qui se sont déchaînés contre celui dont Lula disait qu’il était « le plus légitime d’entre nous ».

Alors j’aimerais conclure selon la tradition dont j’ai parlé en introduction. Aux camarades latinos présents dans cette salle, si je fais l’appel d’un grand et cher camarade disparu, et si j’appelle le nom de Hugo Chavez, que me répondez-vous ?

[la salle : Presente !]

Merci.

Viktor Dedaj
5 mars 2014

URL de cet article 24730
http://www.legrandsoir.info/de-ces-hommes-qui-meritent-d-etre-crus.html
D'autres textes  sur Hugo CHAVEZ :
Hugo Chávez, figure du Venezuela et de l’Amérique latine contemporaine, si critiqué et diffamé dans la plupart des médias, était indéniablement le président métisse, issu d’une famille pauvre, avec lequel les classes populaires pouvaient s’identifier. Pendant 13 ans, chaque dimanche, il s’est adressé à son peuple dans une émission appelée « Allô président », fréquemment enregistrée sur le terrain et en public. Ce livre recueille certaines de ses allocutions. Tour à tour professeur, historien, blagueur, chanteur, Chávez y parle avec beaucoup d’humanité de son engagement politique, du coup d’Etat qui a tenté de le renverser, des plus démunis dont la révolution bolivarienne doit changer le sort, de ses rencontres avec Fidel Castro. N’est-ce pas là l’histoire dont les peuples, passant du statut d’invisibles à celui d’acteurs, peuvent s’emparer fièrement ? Préface d’Ignacio Ramonet http://www.graffic.fr/amerique-bolivarienne/145-ainsi-parle-chavez-978... contact éditeur bruno.leprince (chez) (...) Lire la suite »
Il s’est démené pour faire libérer Ingrid Betancourt, qui n’a pas daigné le saluer
Chavez : sa lutte pour la paix en Colombie
Hernando CALVO OSPINA

Intervention d’Hernando Calvo Ospina lors de l’hommage au président Hugo Chávez Frías, un an après sa disparition physique, « Sur les pas de Chávez », organisé par l’ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela, à Paris, le 5 mars 2014.

A la fin de l’année 1812, le Vénézuélien Simón Bolivar est arrivé à Carthagène, sur la côte caraïbe de Colombie. Les troupes espagnoles n’avaient pas encore été expulsées, alors que l’indépendance avait déjà été proclamée deux ans plus tôt. Par contre, la première guerre civile avait déjà éclatée entre les clans de l’aristocratie créole. Heureusement, les troupes commandées par Bolivar se placèrent au-dessus des intérêts de caste et expulsèrent les Espagnols : c’est ainsi que la Colombie devint indépendante en août 1819. Après avoir libéré la Bolivie, le Pérou et l’Equateur, le Libertador est revenu à Bogotá. Son rêve, c’était l’unité, et son ambition était de créer une grande Patrie avec ces nations, plus le Venezuela et la Colombie. Mais ceux qui détenaient le pouvoir à Bogotá pensaient autrement. C’est pourquoi ils préparèrent plusieurs attentats contre Bolivar. Le principal eut lieu le 25 septembre 1828. C’est l’Equatorienne Manuelita Saenz, son grand amour et la colonelle de ses troupes, qui lui sauva la vie. Le lendemain, (...) Lire la suite »
William OSPINA
La différence la plus remarquable entre Hugo Chávez et son mentor Simon Bolívar, est que Chávez n’a pas eu besoin de mener de guerre pour triompher. C’est aussi ce qui le différencie de Fidel Castro ou de Che Guevara : il y a derrière ces légendes des histoires de feu et de sang ; Chávez a pu heureusement assumer le défi d’entreprendre la transformation de la société —comme le réclamait même les plus puissants du continent— en n’utilisant que les instruments de la démocratie. Sa seule défaite, celle du coup d’état militaire qu’il tenta en 1992 contre Carlos Andrés Pérez, s’est finalement convertie en une victoire, puisqu’elle lui a épargné d’accéder au pouvoir dans la précipitation, par la voie traumatique d’une rupture violente de l’institutionnalité. Combien aura-t-il apprécié par la suite que sa montée au pouvoir n’ait pas été tâchée par la violence et qu’elle ait bénéficié au contraire de la légitimité d’une élection indiscutable ! Alors que ses compagnons avaient atteint leurs objectifs en province, sachant (...) Lire la suite »
Viktor DEDAJ

Intervention lors de la journée « Sur les pas de Chavez », le 5 mars 2014, à Paris. Retranscription à partir de quelques notes griffonnées, de mémoire et complétée par quelques précisions. VD

Bonsoir, C'est la première fois que je me retrouve devant un pupitre. Et c'est la première fois que je rends publiquement hommage à un disparu. Il y a deux façons de rendre hommage à une telle figure : à partir d'une analyse historique, ou à partir d'une vision personnelle. Et comme je ne suis pas un historien, je vais vous présenter ma vision personnelle. Mon premier contact physique avec l'Amérique latine a eu lieu au mois de juillet 1982, au Nicaragua, lors du 3ème anniversaire de la révolution sandiniste. Une foule nombreuse et compacte se pressait dans la ville de Matagalpa. Ce fut par la même occasion ma première expérience de cette tradition qui consiste à scander le nom d'un camarade disparu et la foule de répondre d'une seule voix, à l'énoncé de chaque nom, « Presente ! ». C'est une expérience qui m'a marqué. Cette façon de dire « on n'oublie pas », cette manière de voir le passé et les disparus non pas comme des éléments caducs, désuets ou dépassés, mais bien comme des éléments constitutifs (...) Lire la suite »
Oscar FORTIN

Il y a une année, jour pour jour, Hugo Chavez, ce président charismatique du Venezuela, mourait, suite à un cancer dont la nature et la provenance font toujours l’objet d’interrogations de la part de scientifiques, de politiciens et de gens guidés par le sens commun.

Pendant que sa mort en réjouissait quelques-uns, des peuples entiers, à commencer par celui du Venezuela, se levèrent pour rendre un dernier hommage à cet homme porteur de liberté, d’espérance et de détermination pour que les personnes et les peuples récupèrent leur indépendance et leur solidarité. Ce furent des millions de personnes qui, pendant trois jours et trois nuits, ont défilé devant son cercueil, sans doute pour dire un merci, mais aussi pour demander de rester toujours près d’elles. Ainsi, la mort de Chavez l’a transformé en de millions de Chavez qui continue de vivre par son esprit, sa détermination, son combat pour la justice, la vérité, la solidarité. Cet esprit de Chavez déborde de beaucoup les frontières du Venezuela pour rejoindre tous les peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes ainsi que de nombreux autres en Afrique et en Europe. Si ceux qui pensaient qu’avec la mort de Chavez ils pourraient reprendre le contrôle de l’État vénézuélien, ils doivent, aujourd’hui se mordre les doigts, (...) Lire la suite »
Merci Comandante Chavez tu es des nôtres - Hasta la victoria sempre !
Nothing left to lose Comandante
Dominique Le Boucher

Il y a un an que... le visage de cet homme à Caracas tourmenté ses yeux découpés collés dans son cahier d’écriture pour ne pas oublier justement un mois avant... ses mots à lui rien que les siens et ceux de tout un peuple pauvre méprisé aliéné sorti de sa nasse et grandi regardé advenu aimé... ses mots “ Presidente ne nous abandonne pas... ”

Les larmes de cet homme cet espoir qui s’enfonce divague retourne au néant. Cet espoir qu’ont eu des êtres simples comme elle, ces gens à qui on accorde aussi peu d’importance qu’ils s’en accordent eux-mêmes. Pas d’illusions, non, il y a longtemps que... mais un espoir dans la manière fraternelle humaine solidaire d’exister. Cet autre visage de l’homme quand par inadvertance il se risque à la montrer, le dépouiller de sous le masque neutre blanc figé de l’indifférence qui hiérarchise et qui tue. L’espoir d’avoir trouvé l’âme vive qui possède la force qu’il faut, celle qu’on réserve aux dieux pour que la vie l’emporte enfin sur le chaos de l’imbécillité financière et morbide. Combien de temps il leur a fallu, un an pour jeter bas quinze années de volonté populaire commune, de foi dans la grandeur des êtres, de discernement poétique et politique, d’intuition généreuse ? Quinze ans de combats pour et aux côtés du grand fleuve sans mémoire qui n’en finit pas de s’écouler portant sa peine, pour qu’il sache qui il est (...) Lire la suite »
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Acrostiche Par Ismer Mota, activiste politique et culturel du Collectif Révolutionnaire Campo Rico du district de Petare. Traduction Yves Pedrazzini Note du traducteur : cette traduction est littérale, elle ne prétend pas restituer la poésie de l’acrostiche originale dont elle ne respecte d’ailleurs pas le caractère fondamental. Mais il nous a paru que l’important était de permettre aux non hispanophones d’en comprendre l’essence poétique et politique. H Hugo Rafael Chavez Fria, frère et commandant de l’amour U Je suis fier de t’avoir connu en ce beau temps de la révolution G Glorieux, majestueux, menant avec noblesse jusqu’au socialisme O Ton peuple est orgueilleux de t’avoir eu comme fils prodige R Ta fin physique, celle de ta chair, de ton corps, nous fait mal, bien sûr A Mais tu entreras dans le temps galactique comme esprit libertaire et sublime F Facilitant les processus de changement, dans le barrio, le peuple, le pays et le monde A Assumant avec hauteur le combat pour la vie et la (...) Lire la suite »
Hernan Soto
"Nous les militaires ne sommes pas là pour imposer des politiques de misère” Première entrevue au Chili du commandant Chavez Le Comandant Chavez séjournait à l’hôtel Panamericanno de Santiago en octobre 1994. Le leader du soulèvement militaire de février 1992 avait passé deux années en prison. Au Chili aucun parti politique ne désira dialoguer avec lui et « Punto final » fut l’unique média à le rencontrer. Libéré de la prison ou il avait été enfermé pour avoir pris la tête du soulèvement militaire contre le gouvernement de Carlos Andrès Pérez, Hugo Chavez visita en 1994 quelques pays latino-américains, parmi eux le Chili. Sa visite passa pratiquement inaperçue (pour cette raison elle fut qualifiée ironiquement de “secrète”). En tout, l’ex commandant pu avoir une réunion avec un groupe de dirigeants, militants et sympathisants de Gauche, mené par l’historien Luis Vitale et le professeur Pedro Godoy. Punto Final fut l’unique média à avoir en cette occasion une entrevue avec Chavez. Nous republions cette entrevue (...) Lire la suite »
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Après Simon Bolívar, Hugo Chavez est certainement la figure la plus influente de l'histoire du Venezuela et l'une des personnalités les plus en vue de l'anti-impérialisme que l'humanité n'ai jamais rencontré. Hugo Chavez n'était pas un dogmatique. C'était juste un honnête homme, révolté par les injustices qui se passaient dans son pays. Sans théorie précise, il voulait simplement essayer de résoudre les problèmes de son peuple. On peut dire que le chavisme a été fondé depuis que Chavez a mené la rebéllion militaire du 4 février 1992, mais c'est dès son élection comme président du Venezuela en 1998 que le chavisme a été connu de façon plus approfondie. Pour comprendre ce qu'est le chavisme, il est indispensable de se libérer, nous Européens, de nos nombreux préjugés, qu'ils soient idéologiques ou teintés de mépris envers les pays du Sud. Pour saisir tout le sens du chavisme et de son message révolutionnaire, il faut avoir aussi un minimum de connaissance de l'Histoire de l'Amérique latine et du Venezuela en (...) Lire la suite »

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