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22 janvier 2015

SYRIZA - "Le Monde" lance une fatwa contre Syriza

Sur MARIANNE

"Le Monde" lance une fatwa contre Syriza

Jack Dion

Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre

Les élections grecques se tiennent ce dimanche, mais "Le Monde" a déjà voté... contre Syriza. Il faut dire que les dirigeants de cette formation politique, ces mécréants, ont le tort de ne pas croire en la toute puissance du Dieu austérité !
Alexis Tsipras, le meneur de Syriza, lors d'un récent meeting dans la ville de Thessalonique - Giannis Papanikos/AP/SIPA

Il faut saluer la persévérance du Monde pour décrédibiliser Syriza, le parti de gauche alternative, à la veille des élections législatives grecques. C’est du travail de pro. Pour le journal de déférence aux marchés, l’enjeu se résume à un choix cornélien : soit Syriza perd et l’austérité continuera, soit il gagne et l’austérité devra continuer.

Voilà. Ce n’est ni manichéen ni diabolique, comme il se doit pour un grand journal.

Reprenons. Le 5 janvier, Le Monde titre : « Une éventuelle victoire de Syriza ne sortirait pas la Grèce d’une spirale de l’échec » (pourquoi voter alors ?). Le lendemain, c’est : « Grèce : Merkel et Hollande fixent les règles du jeu avant les élections » (bis repetita).

Autre angle d’attaque le 7 janvier« L’euro miné par la Grèce et la déflation » (ce ne serait pas plutôt la Grèce qui est minée ?). Explication en forme de sous titre: « Les marchés craignent une sortie de la Grèce de l’euro » (hypothèse pourtant rejetée par Syriza). Le même jour, en ouverture des pages économiques : « La Grèce reste le talon d’Achille de la zone euro » (laquelle zone, comme on sait, n’a pas de problème).

Le 8 janvier, c’est la charge de la brigade légère. Le chroniqueur  Arnaud Leparmentier, qui ferait passer Jean-Claude Juncker pour un souverainiste et Jean Quatremer pour un gauchiste, écrit : « Les Grecs sont victimes d’eux-mêmes, pas de l’Europe ». Pourquoi ? Ce sont des « fraudeurs qui ont failli faire sombrer l’euro ». Et d’ajouter : « Il ne faut pas revenir sur l’âge de la retraite, les licenciements de fonctionnaires ni allouer de nouvelles aides sociales ou augmenter le smic ». Ou encore : « Céder à Syriza sur les réformes, ce serait ouvrir la voie aux populistes en Espagne ». Conclusion du Diafoirus de la purge néolibérale : « Entre les Grecs et les Allemands dans l’euro, on choisit les Allemands. Sans hésiter. » Entre le mépris et la bêtise, on choisit quoi ?

Pourtant, le 10 janvier, Le Monde propose enfin une analyse plus circonstanciée intitulée : « Grèce : les propositions de Syriza au banc d’essai ». Où l’on s’aperçoit alors que lesdites propositions, contrairement à ce qu’assénait Arnaud Leparmentier deux jours plus tôt, ne sont ni idiotes, ni provocatrices, ni irréalistes.

Pas question pour ce dernier de laisser les choses en l’état. On n’est pas chroniqueur au Monde pour se laisser marcher sur les pieds. Arnaud Leparmentier décide de se « faire peur », comme il l’écrit, et d’aller jusqu’au gymnase Japy, l’autre soir, pour assister à un meeting en faveur de Syriza. Bon, c’est du côté noble du périphérique, dans Paris intra muros, et non chez les sauvages qui habitent en banlieue, là où Leparmentier ne serait pas allé sans son gilet pare-balles et un garde du corps dûment entraîné.

Reste qu’il est y allé, à ses risques et périls, et qu’il n’en est pas peu fier. Un tantinet ému par la proximité de drapeaux rouges, il expose les propositions de Syriza pour en arriver à cette conclusion où se mêle stupeur et effroi : « Nous allons continuer de nous ruiner pour les Grecs ».

Beau sens de la solidarité. Arnaud Leparmentier fait partie de ces gens civilisés qui préfèreraient que les Grecs continuent à se ruiner pour une certaine conception de l’Europe. Et s’ils pouvaient le faire en silence, ce serait mieux, car on ne demande pas aux gueux de donner leur avis.

 

 
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