Dilma Rousseff dénonce "une profonde injustice" après le vote des députés pour sa destitution
INTERNATIONAL - La présidente brésilienne Dilma Rousseff s'est déclarée "indignée" par le vote des députés en faveur de sa destitution dimanche soir, annonçant qu'elle allait se battre contre cette "profonde injustice" lors de la deuxième manche au Sénat.
"Je me sens indignée par cette décision, victime d'une profonde injustice", a lancé l'impopulaire dirigeante de gauche lors d'une conférence de presse lundi à Brasilia, les traits tirés, visiblement éprouvée par la gifle infligée de la veille.
"Mais je ne me laisserai pas abattre, le combat ne fait que commencer. J'ai le courage, la force nécessaire pour affronter cette injustice", a ajouté Rousseff, alors que son mandat ne tient plus qu'à un fil devant le Sénat.
Un vote à la majorité simple des sénateurs (41 sur 81), prévu en mai, suffirait à prononcer sa mise en accusation pour "crime de responsabilité" et à l'écarter du pouvoir pendant au maximum six mois en attendant le jugement final.
"Un traitement qui n'a été réservé à personne"
Selon les enquêtes effectuées auprès des sénateurs par les grands quotidiens, l'opposition compte déjà sur un nombre suffisant de votes. Rousseff verrait alors son ancien allié centriste et désormais rival, le vice-président Michel Temer, 75 ans, assumer immédiatement ses fonctions par intérim.
Rousseff a rappelé que les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés "ont été pratiqués (à une moindre échelle, NDRL) par tous les présidents avant moi et ont été considérés légaux". "On me réserve un traitement qui n'a été réservé à personne", s'est-elle insurgée.
Elle a souligné qu'il ne pesait sur elle "aucune accusation d'enrichissement illicite" et qu'elle n'avait "pas de comptes à l'étranger". Elle se référait au président du Congrès des députés Eduardo Cunha, du parti centriste PMDB, inculpé de corruption dans le scandale Petrobras et qui a tiré les ficelles de sa procédure de destitution depuis plusieurs mois.
"Par conviction"
La dirigeante brésilienne s'en est vivement prise au vice-président Temer, le chef du PMDB, un homme d'appareil aussi discret qu'impopulaire, qui a déjà entamé des consultations pour former un gouvernement de transition.
"Il est très étrange et révélateur de voir un vice-président en exercice conspirer ouvertement contre une présidente. Dans aucune démocratie au monde une personne qui ferait cela ne serait respectée", a-t-elle lancé.
Rousseff a rappelé son passé d'ex-guérillera marxiste torturée sous la dictature militaire: "Dans ma jeunesse j'ai affronté la dictature par conviction. J'affronte par conviction dans ma maturité un coup d’État, pas un coup d’État traditionnel (...) mais un coup d’État avec l'apparence d'un processus légal". Rousseff a encore indiqué qu'elle n'envisageait pas "maintenant" de proposer une réforme constitutionnelle pour convoquer des élections anticipées.
"Ce que je ne peux accepter, c'est que cette procédure d'impeachment ne respecte pas la légalité. Toutes les autres possibilités peuvent et doivent être évaluées. Mais je ne l'envisage pas maintenant", a-t-elle déclaré en réponse à un journaliste.
source http://www.huffingtonpost.fr/2016/04/19/dilma-rousseff-vote-destitution_n_9725738.html