PS et Européennes
Au PS, «on touche le fond» sur les européennes
PS et Européennes : la conjuration des médiocres
Européennes: le PS renoue avec les divisions mais pas les mêmes
Stéphane Alliès «Jusqu'à jeudi, tout le monde va trembler, et si ça se passe bien, tout sera oublié la semaine d'après.» Alain Richard tente de dédramatiser les nouvelles tensions qui parcourent le PS, à l'occasion de la composition des listes pour le scrutin européen de juin. L'ancien ministre de la défense de Lionel Jospin, et vice-président du parti socialiste européen (PSE), goûte modérément la «fronde» de Gérard Collomb et de la trentaine d'élus locaux, qui appellent les militants à rejeter les listes adoptées par le conseil national la semaine dernière, lors du vote interne d'investiture organisé jeudi 12 mars.
Les listes adoptées par le dernier conseil national pour les européennes font l'objet d'une vive contestation. Comment s'en étonner? Alors que s'était affirmée, à l'occasion du congrès, une large volonté de rénovation, ces listes ont été concoctées selon les méthodes les plus traditionnelles, les plus orthodoxes, les plus contestables.
Elles sont en effet le résultat d'arrangements passés entre des courants qui défendent des intérêts spécifiques, sans considération d'ordre général ou d'intérêt du parti. Le renouvellement, la diversité, sont laissés à la discrétion de l'appareil qui l'interprète à sa manière, soucieux de préserver ou de se constituer une clientèle.
Il ne sert à rien cependant de jeter l'opprobre sur les chefs de courant. C'est un système, que je dénonce depuis des mois, qui est à l'oeuvre et qui montre encore aujourd'hui toute sa malfaisance. D'autant que l'équation s'est encore compliquée par la balkanisation qui affecte les courants eux-mêmes.
Faute de cohérence idéologique, chacun de ceux issus du congrès est traversé de sous courants, de sous groupes, aux intérêts contradictoires. Le Parti socialiste part ainsi en lambeaux et il ne faut pas s'étonner du spectacle qu'il donne puisque rien n'a été fait pour supprimer les causes de cette situation.
Pour ne prendre que l'exemple des Européennes, la logique n'aurait-elle pas été que les militants et eux seuls aient eu à décider du choix de l'ordre des candidats? Saisis, région par région, du nom des impétrants, c'était à eux de décider qui était digne ou non de représenter les socialistes dans leur circonscription. Quel sens peut bien avoir un vote sur des listes bloquées? La démocratie y trouve-t-elle son compte? Et quel temps perdu en cas de rejet? Comment sortir en effet de l'impasse dans laquelle celui-ci nous jetterait? Sont-ce les mêmes courants, les mêmes états-majors, qui devraient, désavoués, réécrire leur copie, au risque de contredire à nouveau la volonté militante? Ou faudrait-il alors seulement, comme je le suggère, laisser décider nos adhérents? Ma conviction est que notre parti ne pourra se réformer que lorsque les courants auront été privés de toute influence sur le choix de nos dirigeants comme de nos candidats, pour mieux se concentrer sur le débat politique et l'élaboration de notre projet.
À défaut, la loi des écuries, ou des féodalités locales continuera de chercher à s'imposer contre toute évidence, c'est-à-dire contre l'orientation que souhaite manifestement donner au Parti socialiste des dizaines de milliers d'adhérents qui n'en finissent pas d'espérer une vraie, profonde et complète rénovation.
Gaëtan Gorce